LE LÉVRIER À TRAVERS LES ÂGES
La Préhistoire :
L’histoire connue du lévrier remonte à la préhistoire. Dès le néolithique, l’homme devait chasser pour subsister, et employait déjà le lévrier pour l’y aider, notamment pour sa rapidité et son courage. Des scènes de chasse avec lévriers ont été retrouvées peintes sur les parois des cavernes d’Almera et Altamira.
Cette connivence de l’homme et du lévrier a fait que l’on retrouve des représentations de ce dernier en peinture et en sculpture, dans toutes les civilisations de la préhistoire à nos jours : des peintures rupestres au tableau « La chasse royale » de Goya.
L’antiquité :
Le lévrier tient une place privilégiée dans toutes les grandes cultures de l’antiquité. Les lévriers originellement présents dans la péninsule ibérique, ont connu de nombreux croisements avec les lévriers importés par les différentes civilisations qui s’établirent sur la péninsule : Celtes, Carthaginois, Grecs, Romains et Maures. Issus cependant d’une souche commune, ce sont ceux que nous appelons maintenant les Galgos espagnols. Ils portaient auparavant le nom de « vertragus ». Les romains l’ont appelé « canis gallicus », qui devint « gallicus » puis « galgo ».
Dans la culture arabe, il est un animal noble et respecté. Certains écrits rapportent que les femmes aidaient les chiennes sloughi, en cas de portée nombreuse, en allaitant elles-mêmes les chiots. Les plus anciennes descriptions des lévriers figurent sur la tombe d’Ancef au XXVIIème siècle avant J.C.
La grande culture égyptienne vénéra également le lévrier qu’on retrouve en peinture sur les stèles de nombreux édifices funéraires entre 3000 et 2000 avant J.C. On retrouve sa silhouette en peinture, sculpture, ou sur des tapis, dans toutes les couches sociales de la population, des pauvres aux pharaons. Ces derniers les faisaient représenter sur les colonnes, les murs, les temples et les tombeaux, preuve de l’estime qu’ils leur vouaient. Ceux qui tuaient un lévrier étaient punis de la peine de mort.
Les cultures grecque et romaine ne furent pas en reste et utilisèrent le lévrier en art cynégétique. Dès le Vème siècle avant J.C existent de nombreuses représentations sous forme de gravures, sculptures, vases rituels. Le lévrier est même mentionné dans les écrits de Xénophon et Platon. Les Grecs et les Romains utilisèrent le lévrier, sur le modèle de la chasse, comme préparation à la guerre et comme loisir. L’historien grec de Nicodémie, Flavio Arrien a même écrit, au IIème siècle après J.C, un » traité de la chasse », dans lequel il donne des conseils sur la nourriture, les soins, le comportement et l’éducation du lévrier. Pour l’anecdote, l’histoire rapporte qu’Alexandre le Grand aurait eu un lévrier appelé « Peritas », et qu’à sa mort il aurait fait construire une villa qu’il baptisa du nom de son défunt compagnon.
Le Moyen-âge :
Le destin du lévrier se confond avec celui de la chasse, qui atteint son apogée au Moyen-âge. Intronisé comme chien de chasse en Espagne par les Maures, après avoir accompli un grand périple, au départ de l’Orient, à travers l’Arabie et l’Afrique du Nord, il devint le chien de chasse le plus célèbre de l’époque médiévale et le préféré des « Grands d’Espagne ». Il franchit ensuite les Pyrénées et devint, en France et en Angleterre, de la même manière, le préféré des rois et de la noblesse. Il était lâché à la poursuite de cerfs, sangliers et ours. On le trouve sur de nombreuses gravures et tapisseries, accompagnant la chasse à cheval, avec la lance et la fronde. On l’utilisait également pour le lièvre en raison de sa rapidité, et dans des compétitions de vitesse.
Les siècles récents :
Aux XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles, l’Espagne exporta en Irlande et en Angleterre une grande quantité de galgos espagnols, qui contribuèrent à la conformation du galgo anglais : le Greyhound.
Ce dernier ne connut plus de croisement avec d’autres races pour conserver sa morphologie adaptée à la course.
Au XXIème siècle :
Le Greyhound et le Galgo, après avoir été les compagnons de chasse des hommes préhistoriques, vénérés dans les cultures antiques, respectés et prisés au moyen-âge, ne sont plus qu’utilisés par l’homme du XXIème siècle, l’un pour la course l’autre pour la chasse.
QUELQUES INFORMATIONS SUR LE LÉVRIER
Le mot “lévrier” provient du mot “lièvre” qui était la proie de prédilection de ces chasseurs. Tous les lévriers sont issus de races très anciennes, essentiellement utilisées pour la chasse (poursuite à vue), et considérés parfois comme le premier type de chien spécialisé que l’homme ait obtenu. En France, la chasse avec des lévriers a été interdite en 1844.
Ce sont d’excellents chiens de compagnie, très attachés aux personnes avec lesquelles ils vivent, mais qui restent distants envers les étrangers.
Leur développement musculaire supérieur à celui d’autres chiens est dû à une mutation génétique qui a inactivé un signal suppresseur de croissance musculaire
Morphologie
Contrairement aux chiens, le galop volant (temps de détente en l’air lors de la course) est propre aux lévriers.
La morphologie des lévriers est de type dit « graïoïde » (origine latine: “canis graius”), c’est-à-dire mince et effilée. Leur tête dolichocéphale est étroite, le museau est long et fin. La largeur de la tête ne dépasse pas la moitié de sa longueur (exception due à la taille, pour les whippets et petits lévriers italiens).
Le corps des lévriers s’apparente à celui des félins tels le guépard. Comme lui, les lévriers sont sveltes, musculeux, presque maigres, dotés de longues pattes fines. Leur poitrine est profonde. Leur ossature est puissante mais légère et leur colonne vertébrale très flexible, leur permet de projeter très loin leurs membres postérieurs et donc de courir très vite.
Races de lévriers reconnues au niveau international
Groupe 10 (de souche asiatique)
Section 1 – Lévriers à poil long ou frangé
– Lévrier afghan Originaire d’Afghanistan, le plus excentrique No FCI 228
– Barzoï ou lévrier russe Originaire de Russie, considéré comme le plus racé No FCI 193
– Lévrier persan, Saluki ou Salouki Originaire du Moyen-Orient No FCI 269
Section 2 – Lévriers à poil dur
– Irish wolfhound ou lévrier irlandais Originaire d’Irlande, le plus grand No FCI 160
– Deerhound ou lévrier écossais Originaire d’Écosse No FCI 164
Section 3 – Lévriers à poil court, oreilles couchées ou tombantes
– Lévrier berbère, Sloughi ou lévrier du désert originaire d’Afrique du Nord No FCI 188
– Azawakh originaire du Burkina Faso, du Mali et du Niger No FCI 307
– Chart polski ou lévrier polonais originaire de Pologne No FCI 333
– Lévrier Galgo ou lévrier espagnol originaire d’Espagne No FCI 285
– Lévrier Greyhound ou lévrier anglais originaire de Grande-Bretagne, le plus rapide No FCI 158
– Lévrier hongrois ou Magyar Agar originaire de Hongrie No FCI 240
– Petit lévrier italien ou levrette d’Italie originaire d’Italie, le plus petit No FCI 200
– Lévrier Whippet originaire d’Angleterre, le plus répandu en France No FCI 162
Groupe 5 (de souche africaine)
Section 6 – Type primitif
– Lévrier de Pharaon originaire de Malte No FCI 248
Section 7 – Type primitif – Chiens de chasse
– Cirneco de l’Étna originaire de Sicile No FCI 199
– Podenco d’Ibiza, ou Chien de garenne des Baléares originaire d’Ibiza No FCI 089
– Podengo portugais, Lévrier portugais ou Chien de garenne du Portugal originaire du Portugal No FCI 094
– Podenco canario ou Chien de garenne des Canaries originaire des îles Canaries No FCI 329
Races de lévriers reconnues localement par des standards nationaux
Standards nationaux
– Lévrier Bakhmull originaire d’Afghanistan et de Russie reconnu par la RKF
– Lévrier Caravan hound originaire d’Inde reconnu par le KCI
– Lévrier Chortaj originaire d’Ukraine reconnu par la RKF
– Lévrier Rampur originaire du Nord de l’Inde reconnu par le KCI et le INKC
– lévrier Stepnoï ou “Stepnaya borzaya originaire de Russie reconnu par la RKF
– Lévrier Taïgan originaire du Kirghizistan reconnu par la Société Cynologique du Kirghizistan et la RKF
Autres races de lévriers
– Lévrier australien originaire d’Australie
– Lévrier grec originaire de Grèce
– Lévrier Kalag Tazi originaire d’Afghanistan
– Lévrier longdog originaire du Royaume-Uni
– Lévrier de soie ou silken windhound originaire des États-Unis
– Lévrier Tazi originaire d’Asie centrale, du Kazakhstan au Turkménistan
– Chart środkowoazjatycki originaire de Pologne
Races de lévriers disparues
– Tesem de souche africaine
– Vertragus ou lévrier celte de souche asiatique, IIème millénaire av. J.C.
– Charnaigre (aussi dénommé “charnigue”) originaire de Provence en France, disparu au début du XXème siècle.
Races issues de Lévriers
– Colley originaire du Royaume-Uni
– Lurcher originaire du Royaume-Uni
– Lévrier Banjara originaire d’Inde
Comportement
Les lévriers supportent mal les longues absences. Il est préférable de ne pas les laisser seuls plus de six heures d’affilée.
À l’âge adulte, ils doivent pouvoir prendre beaucoup d’exercice, jouer et courir. Leur instinct de chasse (atavisme) peut encore être très fort. Leur éducation implique donc une attention soutenue : ils doivent apprendre à maitriser leurs impulsions.
Les lévriers peuvent être très sensibles aux brusques variations de température. S’agissant des races à poil ras, il est conseillé le port d’un manteau, en hiver, pour éviter les coups de froid.
Santé
Les lévriers ayant développé des aptitudes particulières possèdent une physiologie différente des autres races de chien. Leur masse graisseuse plus réduite influe sur l’absorption, le stockage et l’élimination des produits anesthésiants. Certains produits tels que le penthotal ou les Thio barbituriques ne doivent pas être administrés. Il est recommandé de suivre des protocoles anesthésiques spécifiques aux lévriers.
Sports
Épreuves de courses sur cynodromes ou racing (principalement les greyhounds et les whippets)
La poursuite à vue sur leurre (PVL) ou coursing (les autres lévriers).
Légende historique
Une légende a attribué à un lévrier le pouvoir de guérir à titre posthume les enfants dans la région lyonnaise. Il s’agit du « saint Lévrier – Guinefort », guérisseur d’enfants.
Au XIII siècle à Villars-les-Dombes, un châtelain de retour à sa demeure trouve son Lévrier avec la gueule ensanglantée, près du berceau de son enfant. Croyant à un acte de jalousie, il tue son Lévrier gardien. Mais il ne tarde pas à s’apercevoir que non seulement l’enfant est sain et sauf, mais également qu’un serpent déchiqueté se trouve près de lui. Il comprend alors sa méprise et fait dresser un sanctuaire pour l’animal. La population locale ne tarde pas à considérer le Lévrier comme un saint martyr, guérisseur d’enfants.
Cinéma
–Dessins animés – Films d’animation
– Les Cinq Légendes en 2012 : Le compagnon de Jamie Bennett est un lévrier.
– Rebelle en 2012
– Les Simpson (série) : Petit Papa Noël est l’animal préféré de la famille. C’est un lévrier mâle qui a
été vu la première fois dans noël mortel en 1989.
–Films
– Cadavres à la pelle en 2010
– Guerre et Paix en 1967
– Harry Potter et l’Ordre du phénix en 2007
– Hunger Games en 2012
– Je sais où je vais en 1945
– L’Aigle de la Neuvième Légion en 2011
– Légendes d’automne en 1994
– Out of Africa en 1985
– Robin des Bois en 2010
–Musique
Mademoiselle Nobs, chienne barzoï qui joue dans le morceau homonyme de Pink Floyd dans l’album “Live at Pompeï”
–Ordre du Lévrier (Ordre de chevalerie)
L’Ordre du Lévrier (« ou de la Fidélité », ou Compagnie du Lévrier blanc), créé le 31 mai 1416 par Louis Ier, cardinal–duc de Bar, est un ordre de chevalerie barrois du XVe siècle. Instauré, de manière statutaire, pour une durée de cinq ans, il fut maintenu à perpétuité sous le nom d’Ordre de Saint-Hubert.
L’insigne distinctif de l’ordre, était un lévrier blanc, ayant au cou un collier portant les mots : Tout vng (Tous un) : tous les membres étaient tenus de le porter.
–Bibliographie
Le Destin des Lévriers, de Xavier Przezdziecki – Édition EDICA
GREYHOUND ANESTHESIA Suzanne Stack
Chiens du monde de Joan Palmer – Éditions Nathan
Encyclopédie du Chien de Royal Canin – Éditions Hatier